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Je suis devenue photographe en ayant la sensation de vivre deux vies en une ; la vie en Suisse et la vie ailleurs. Sans savoir encore que l'une est l'autre et vice-versa. J’ai photographié ce que j’aimais : les gens, les espaces solitaires, ce qui reste de sauvage et libre. J’ai déambulé dans des rizières à la lumière dorée et pure. J’ai frôlé le soleil à l’est dans des mers émeraudes. Puis j’ai traversé des océans de déserts pour me retrouver là où tout a commencé.

Lorsque je suis retournée au Vietnam qui m'avait accueillie dix ans plus tôt et qui avait changé ma vie, je me suis rappelée qui j'étais au détour d'un col, en mode road-trip, frigorifiée, mon driver curieux me demandant ce qui pesait trois tonnes dans mon sac à dos qu'il essayait de caler à l'arrière de sa moto. Je lui ai répondu que c'était mon téléobjectif, " because you know I'm photographer. "

Sur le moment, ça a beaucoup fait rire mon amie de route, c'est même devenu une private joke. La scène était risible. Il n'avait pas vraiment saisi mon humour et me regardait comme si j'étais une extraterrestre, on était au Vietnam après tout. 

Suite à cet épisode, " Because I Am Photographer " est devenu mon mantra et m'a permis d'avancer autrement, plus vite, plus loin.