Le Vietnam, je ne l’ai pas vraiment choisi… C’est lui qui m’a choisie
Je me rappelle les odeurs uniques de la rue, les milliers de klaxons hurlant nuit et jour, les pointes des chapeaux, la vision étrange des raies séchées sur les étaloirs, la fumée des phở brûlantes, l’humidité infernale de la ville se tapissant dans les moindres recoins, le vent sur mon visage en filant à toute allure dans la nuit saïgonnaise…
La liberté.
Cette liberté me mène à la photo. Naturellement. Prendre des photos. Cette idée ne me lâchera plus.
Au Vietnam, je découvre la poésie de l’image instantanée. Le plaisir de photographier l’éphémère. Je comprends alors, à l’époque sans doute inconsciemment, que la photographie fait partie de mon histoire. Elle me ramène au souvenir des détails pas si anodins au cours d’un voyage, longtemps après avoir presque tout oublié.
Les aurais-je oubliés, ces coréens hystériques sous la pluie de mai 2013 ?
Non, sans doute que non. Un jour, j’aurais eu un flash d’eux riant de ce moment. L’image, elle, me permet de me souvenir de ce que j’ai ressenti à l’instant précis du déclencheur. Le parfum étrange qui flottait dans l'air, l’inondation soudaine à quelques mètres, le ruissellement des gouttes épaisses jusqu’à mes pieds, les frissons de la mousson mélangés aux éclats de rire du jeune groupe.
C'est pourquoi le hors cadre est important pour moi. Je tente depuis de le traduire subtilement dans le cadre.