Une île rêvée
L'ancre glisse lentement au fond de la mer alors que le ciel gronde au loin. Je serre mon Canon contre ma poitrine et respire l'air de ces îles irréelles, ces îles dont j'ai tant rêvé gamine. En peintures. En livres. En photos. Quinze ans et un appareil photo plus tard, mon cœur me porte sur ces terres tropicales qui dévoilent une beauté au-delà de tout ce que j'avais imaginé.
Palawan...
L'odeur de l'orage me guide à l'avant du bateau ce jour-là et le spectacle est grandiose; les pêcheurs dans l'infini dégradé de couleurs en colère, la pluie lourde et menaçante dansant au loin, le village au soleil, le vent qui claque le drapeau philippin, ma peau salée qui frissonne. La clarté de la tempête qui se prépare.
Les deux pêcheurs sur leur barque de fortune contemplent la lumière qui dérape dans le ciel et je laisse mon regard s'égarer dans l'objectif. Ma première vraie photo, celle qui donne sens à toutes celles qui suivront, c'est celle-ci. Je le sais avant même d'appuyer sur le déclencheur. Je comprends en la visionnant des années plus tard qu'il y a encore de la place pour la paix, même au sein de la tempête.
Que rien n'est immuable.